4924 km nous ont séparées pendant 4 mois. J'étais à Dakar au Sénégal et Lætitia était à Brouville en France.
Là-bas, je dessinais, je photographiais, j'écrivais, j'enregistrais, puis j'envoyais mes télégrammes.
Lætitia m'a répondu en poèmes, sur cette ville qu'elle découvrait au fil de ces notes.
La collaboration continue, toujours à distance. Le retour fait autant parti du voyage que le voyage lui-même.
"Soudoul gnibi touki dou nekh."

dimanche 30 mars 2014

Pour la photographie de Fatou Peulh















Elle fait le tour
de sa cour
chaque soir
en un rond méthodique
recouverte de drap
et de nuit.

Elle traîne son corps
en ce rituel.
Par ses pas
elle témoigne
de cet entre
de deux soleils.

mercredi 26 mars 2014

jeudi 20 mars 2014

«Une nuit dakaroise» de Khadim

http://walakana.mondoblog.org/2014/03/04/nuit-dakaroise/
Fatou Peulh fait 10 fois le tour de la cour le soir, Médina, Dakar.

Il est 3h et il y a tant de choses...

Il est 3h, oui, et je ne sais pas par où commencer.
Une semaine est passée, tant de choses, comme une respiration bloquée.
J'ai quitté Yoff, juste un instant, quelques nuits et quand je reviens
le jeune de la boutique me demande: «tu étais partie?»
Je reviens à la Médina après 2 nuits à Yoff et là pareil, tout le monde me questionne:
«mais... ça fait longtemps. Fan demoon? Tu étais où?»

Ce matin, nous avons couru derrière Vieux Cissé, un ami, au marché de Colobane,
le royaume de la frippe. Il est là-bas chez lui, il est grand, a de bonnes chaussures en cuir au pied,
il trace dans les ruelles, se glisse entre les taxis, secoue, retourne, fait voler des tas de chutes de wax,
et nous, nous suivons, un peu perdues, un peu asphyxiées dans ce marché, coincé entre l'autoroute
et l'ancienne voie de chemin de fer. Un plongeon dans cette ville dans la ville.

Cet après-midi, nous avons été tirées par le bras par des jeunes filles qui, venant à l'atelier,
ont decouvert le cimetière musulman qui se trouve sur la Corniche, à côté de l'école où nous travaillons.
Elles veulent que nous priions pour les morts...  Elles nous demandent en quoi nous croyons
si nous ne croyons pas en Dieu. Elles sont profondément marquées par ce cimetière.

Celui-ci est à environ 800 m de chez elles.
Elles ne l'avaient jamais vu.
Elles n'étaient jamais venues jusque là.
Elles ne sont jamais sorties de leur quartier de la Médina.
 
11.03.14 La plage de Soumbedioune, Médina, Dakar.



13.03.04 Habib le mouton du cordonnier, Médina, Dakar.



12.03.14 La dinde de chez Fatou Peulh, la nuit, la tête enfouie dans le corps, Médina, Dakar.

jeudi 13 mars 2014

La nuit















Je me nomme Fatou.
Je suis en plein sommeil
Comme ma maison.

Le marmonnement de la cuisinière
Si en accord avec les bulles et les poêles en cuisson
Ne sévit plus,
Les poules ont rangé leur démarche à cou projeté,
Les branches et les filets
Ont fini d'émietter leur ombre portée sur les faces de la cour.

Chacun dort en son lit
Sauf mon invitée
Sans carte pour appréhender
Cette forêt de bruits
Que nous traversons sans peine.

Je suis Fatou
Et je dors de paix
D’une masse recueillie sous ma couverture,
Je ressemble à ma demeure.














Plus qu'un carré
une mer d'ombre
boit
passants
carcasses
raies de lumière
air
et lignes.

Un territoire
camoufle tout
tranche dans le vif
de la ville
assume ses lacunes
en nuances
et la tranquillité
d'un trou noir.

mercredi 12 mars 2014

Yow, dox rekk

Toi, tu marches seulement.
me dit Fatou, la cuisinière de chez Fatou Peulh.

mardi 11 mars 2014

Coucou je t'ai laissé des messages un peu partout, bises de nous

lundi 10 mars 2014

Négatifs sur carrelage

Le labo photo se monte, petit à petit, ndank ndank, doucement doucement.
J'ai enfin tiré mes premiers films, j'étais surexcitée de voir ces 5 bandes de négatifs
sécher dans ma salle de bain à Dakar. Je cherche par contre encore un moyen de les scanner.

Fatou Mata Bindou Ba

est le vrai nom de Fatou Peulh.

dimanche 9 mars 2014







06.03.14 La cour de l'école depuis la terrasse, un spectacle se prépare, Yoff Layène, Dakar.








02.03.14 Le Mausolée, Yoff Layène, Dakar.

Je suis enfin rentrée dans l'enceinte du Mausolée, voilée, portant une jupe longue et les pieds nus.



08.03.14 Le filet communautaire destiné aujourd'hui aux femmes, Yoff Layène, Dakar.

jeudi 6 mars 2014

Chez Fatou Peulh


03.03.14 Chez Fatou Peulh, Médina, Dakar.













Pour un négatif noir

Le cache photographique
comme un boomerang
un rire de l'appareil
à mon oeil.
Un coup d'essai
un bizutage du regard
avant qu'il ne puisse
s'étaler,
ne se plonge sur ce territoire
comme sur un lit
propre et neuf.

dimanche 2 mars 2014

Il fait jaune



28.02.14 Plage de Yoff Layène, Dakar.

Aujourd'hui il fait jaune, un jaune de poussière et de pollution,
un jaune qui se glisse dans mes narines, dans mes bronches.
Mes yeux peinent à s'ouvrir et mon corps à se mouvoir.

Aujourd'hui, il fait jaune, un jaune qui inquiète,
un jaune qui empêche le temps de s'écouler,
un jaune qui supprime les ombres,
un jaune insaisissable.

Une nuit chez Fatou Peulh

Pour ma première nuit chez Fatou Peulh, je suis rentrée par la fenêtre...
Il est 1h30 du matin, le loquet est fermé, je suis au milieu de la cour.
Impossible de reveiller Amdy qui dort dans le salon que je dois traverser pour
rejoindre la chambre de Fatou Peulh. J'entends la radio dans la chambre, elle ne dort pas.
Je remarque que la fenêtre coulisse, je rentre, sans bruit.

Début d'une longue nuit aux bruits étranges et à la chaleur de l'encensoir.
Fatou Peulh rigole et me demande si c'est Abdoul qui m'a appris à passer par la fenêtre.
Elle n'est pas surprise. Elle me fait une place dans le lit, éteint la radio, la lumière.
On discute un peu puis je tente de m'endormir. J'ai très chaud, tout est fermé,
l'encensoir réchauffe l'air, Fatou Peulh dormira toute la nuit entièrement recouverte de sa couverture.

Au loin, les chants mourides résonnent encore, les fidèles danseront jusqu'à l'aube, en ronde,
pour chanter les louanges de Sokhna Diarra Bousso, la mère de Serigne Touba. Tous les Jeudis,
rue 37 à la Médina, a lieu cette célébration. Depuis le lit, j'entends les pas des passants devant
la fenêtre. Un insecte ou oiseau inconnu pousse un cri strident et répétitif, en continu, quelque part
dans le toit. Les chants diminuent, la prière de 6h30 commence et les Allah Akbar en décallé nous
arrivent de toutes les mosquées du quartier. L'insecte-oiseau s'arrête... enfin puis reprend son cri.
Le réveil d'Amdy sonne, il quitte la maison pour l'école, 7h30, je m'endors.






25.02.14 Le grand mur blanc, un jardin d'arbustes et de fer à béton, Yoff Layène, Dakar.


25.02.14 Le grand mur noir et ses quelques fenêtres éparpillées, Yoff Layène, Dakar.